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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/21

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du Chev. Grandisson.

Je le vois, & j’en suis bien fâchée.

Aucun plaisir ne paroît faire impression sur votre ame. Vous êtes d’une piété exemplaire ; on n’a jamais eu plus de respect que vous pour la Religion ; cependant…

Vous, Monsieur ! Un anglois, un Hérétique…, pardonnez si je vous donne ce nom ; mais n’est-ce pas ce que vous êtes ? Vous me parlez de piété & de Religion.

Nous ne toucherons pas, s’il vous plaît, à cet article. Ce que je veux dire, Mademoiselle…

Oui, Monsieur, j’entends ce que vous voulez dire, & j’avouerai que je suis quelquefois une créature fort mélancolique. Je ne sais d’où me vient cette altération, mais elle est réelle, & je ne saurois être plus à charge à personne que je le suis à moi-même.

Mais, Mademoiselle, ce mal doit avoir une cause. N’est-il pas étrange que vous ne répondiez que par des soupirs & des larmes à la plus tendre & la plus indulgente des meres ? Cependant elle n’apperçoit rien dans vous qui marque de l’obstination ou de l’humeur ; c’est le même respect, la même douceur, la même complaisance qu’elle a toujours été charmée de trouver dans sa chere Clémentine. Elle n’ose forcer votre silence. Sa tendresse lui fait craindre de vous presser trop. Comment pouvez-vous donc, chere Sœur, (pardonnez cette liberté, Mademoiselle) comment pouvez-vous quitter une si bonne Mere, sans lui dire