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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/216

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Histoire

derai bien d’engager dans mes incertitudes une jeune personne que j’admire, & dont l’amitié m’est si précieuse, sur tout, lorsqu’avec tant de charmes, il n’y a rien qu’elle doive croire au-dessus d’elle.

Quelle générosité, Lucie ! qu’elle m’a touchée ! j’en ai senti mon visage inondé de larmes, pendant que je le cachois derriere le fauteuil de la Comtesse. Mais elle a continué, dans les termes de Sir Charles :

Permettez, Madame, que je vous épargne d’autres questions. Il peut revenir quelque chose, à Miss Byron, d’une conversation si délicate. Comme j’ignore quel sera le succès de mon voyage, je répéte que mon propre honneur, & ce que je dois à deux jeunes personnes également respectables, m’impose des loix qu’il me seroit honteux d’oublier. Et pour vous ouvrir entiérement mon cœur, de quel front oserois-je paroitre devant une femme d’honneur, devant vous, Madame, si dans le tems que la justice & l’honnêteté me soumettent à des devoirs dont on est en droit de me demander l’exécution, j’étois capable d’avouer d’autres desirs, & de tenir en suspens la faveur d’une autre femme, jusqu’à l’éclaircissement de mon sort ? Non, Madame ; je perdrois plutôt la vie, que de me souiller par cette indignité. Je me connois des liens, ajouta-t-il ; mais Miss Byron est libre. La Dame Italienne, dont l’infortune m’appelle à Boulogne, est libre