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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/226

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Histoire

dirent arriver leur carrosse, en prirent occasion de se retirer ; & pour marquer leur mécontentement à leur Sœur, ils partirent sans avoir pris congé d’elle. M. Barlet prit aussi le parti de monter à son appartement ; de sorte que Mylady G… qui ne tarda point à descendre, fut extrêmement surprise, & même un peu piquée, de ne retrouver qu’Émilie. Mylord arriva presqu’aussi-tôt par une autre porte. Assurément, lui dit-elle, voilà une conduite bien étrange. Avec vos airs de Mari vous mettez toute une compagnie en fuite.

Mylord G… Bon Dieu ! Vous me jettez dans un étonnement, Madame…

Mylady. À quoi reviennent ces exclamations ? lorsque vous avez effrayé tout le monde.

Mylord. Moi, Madame ?

Mylady. Vous, Monsieur. Oui, vous. N’avez-vous pas pris le ton de Maître dans mon cabinet ? L’amour de la paix ne m’a-t-il pas fait descendre ? Ne m’avez-vous pas suivie… avec des regards… fort jolis, je vous assure, pour un homme marié depuis deux jours ! Ensuite n’avez-vous pas voulu m’emmener ? N’auroit-on pas cru que c’étoit pour me marquer quelque regret de votre conduite ? A-t-il manqué quelque chose à ma soumission ? Ne m’a-t-elle pas attiré des airs d’hommes ? N’êtes-vous pas sorti brusquement de la chambre ? Tous les Assistans peuvent rendre témoignage du calme avec lequel je suis retournée vers eux, dans la crainte