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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/234

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Histoire

manque rien à notre bonheur : là-dessus je descends, dans la résolution de faire mes observations sur le Jeu, avec la douceur d’un Agneau. Mais je me vois suivie presqu’aussi-tôt, par mon Indiscret, le visage en feu, & tous ses traits en action ; & quoique je l’eusse averti de ne pas s’exposer, je lui vois prendre des airs, dont l’effet, comme vous allez l’entendre, fut de chasser ma compagnie. Il sort par un autre effet des mêmes airs, & peu de momens après il me fait appeller. Qui n’auroit pas cru que c’étoit quelque mouvement de repentir ? D’autres femmes auroient joué la Reine Vasti, & refusé de sortir, pour mortifier leur Tyran. Mais moi, la soumission même, mes vœux si récens devant les yeux, j’obéis au premier mot. Cependant vous jugez bien, que malgré ma douceur naturelle, je ne pus retenir quelques petites récriminations. Il étoit trop en humeur de maître pour les écouter. Je vous dirai, Madame. Je ne veux pas qu’on me dise, Monsieur. Nous eûmes un petit Dialogue de cette nature ; & lorsque j’eus quitté assez brusquement le passionné personnage, dans le dessein de rejoindre ma compagnie, que pensez-vous que j’aie trouvé ? La salle déserte. Tout mon monde étoit parti. Émilie restoit seule : & c’est ainsi qu’on renvoya la pauvre Mylady L… les larmes aux yeux, peut-être de la tyrannie qu’elle avoit vu exercer sur une Sœur trop facile.