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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/264

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Histoire

me croie si nécessaire au rétablissement de sa Sœur. C’est ce que la Marquise m’a fait entendre, dans une conversation que je viens d’avoir avec elle. Elle m’a conjuré de me modérer, si quelque excès de sensibilité pour l’honneur de la Famille emportoit son fils au-delà des bornes. Dans cet entretien, je n’ai pas été peu surpris de lui entendre dire qu’elle commençoit à craindre que cette chere Fille, dont elle avoit eu si long-tems une si haute opinion, ne fût pas digne de moi, dans la supposition même qu’elle eût le bonheur de se rétablir. Un compliment de cette nature n’a pu manquer de me causer beaucoup d’embarras. Que pouvois-je répondre qui ne parût ou trop froid, ou peut-être intéressé, & capable de faire juger que je comptois trop sur une récompense que le Général croit encore au-dessus de moi ? Je me contentai de dire, & c’étoit avec vérité, que l’infortune de l’aimable Clémentine me la rendoit plus chere que tout l’éclat de sa fortune. Il n’y a point d’ouverture, répliqua la Marquise, que je ne sois portée à vous faire. Toutes mes résolutions sont en suspens. Nous ne savons à quel parti nous attacher. Votre voyage, entrepris au premier signe ; la possession où vous êtes d’un bien considérable dans le Pays de votre naissance, car vous devez bien juger que nous n’avons pas négligé les informations sur tout ce qui vous regarde ; Olivia, qui sans être une