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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/30

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Histoire

res que j’ai reçues dans la Bibliotheque, que j’aurai bientôt le plaisir de vous embrasser tous à Northampton-Shire ? Oui, oui, n’en doutez pas.

Mais n’est-il pas étrange, ma chere, qu’un Pere, une Mere, des Freres aussi jaloux qu’on nous représente les Italiens, aussi fiers qu’on doit supposer une Famille de leur rang, aient pu donner un accès si libre au plus aimable de tous les hommes, auprès de leur fille, dont il paroît que l’âge ne passe pas dix-huit ou dix-neuf ans ? Lui faire apprendre la Langue Angloise ! N’admirez-vous pas cette discrétion dans un Pere & une Mere ? Et le choisir pour disposer cette pauvre Fille en faveur de l’homme qu’ils souhaitoient de lui faire épouser ! Mais peut-être direz-vous que l’expédient de prêter l’oreille, dans un Cabinet voisin, à tout ce qui pouvoit se passer dans la premiere conférence, étoit une méthode assez sûre pour s’assurer de son intégrité, & qu’après cette épreuve, leur prudence étoit justifiée par l’avenir. De tout mon cœur, Lucie. Vous êtes libre de les excuser. Mais, sans être en Italie, tout le monde auroit pu croire un tel Précepteur dangereux pour une jeune fille, & d’autant plus dangereux qu’il est homme d’honneur & de naissance. Un Précepteur, dans ce cas, est toujours celui qui oblige. On l’appelle Maître, comme vous savez, & ce nom renferme celui d’Écoliere ou de servante. Quel est le