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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/401

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du Chev. Grandisson.

de plus à languir dans cette malheureuse vie.

Monsieur !… que signifie ce langage ?

Vous l’allez voir (en retirant ses deux mains des miennes, & tirant deux pistolets de sa poche.) J’étois venu dans la résolution de vous offrir le choix d’une de ces armes, si l’affaire eût été conclue, comme j’avois raison de le craindre. Je ne suis point un Assassin, & jamais il ne m’est arrivé d’en employer. Je n’aurois pas souhaité non plus de priver Clémentine du Mari dont elle auroit fait choix. Mon seul desir étoit que la main qu’elle doit unir à la sienne, me délivrât d’une odieuse vie. Quoiqu’elle ait refusé d’être ma femme, je ne veux, ni ne puis vivre pour la voir celle d’un autre.

Quel oubli de vous-même, Monsieur ! Mais je vois que votre esprit est troublé. Autrement le Comte de Belvedere ne tiendroit pas ce discours.

Comme il n’est pas impossible, mon cher Docteur, quoiqu’il y ait à présent peu d’apparence que Clémentine change de résolution, je ne pouvois instruire le Comte de notre situation réelle, parce que l’espérance qu’il en auroit conçue n’auroit fait qu’augmenter son désespoir, si le succès avoit été différent. Je me suis contenté de raisonner avec lui sur ses étranges intentions, & de lui renouveller ma promesse. Il étoit si tranquille en me quittant, qu’il m’a remercié de mes avis. Son Valet & les miens ont paru fort surpris de nous voir descendre en bonne in-