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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/417

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du Chev. Grandisson.

dant, s’il n’y avoit pas eu de plus grand obstacle, j’aurois accepté votre compassion, parce que vous êtes bon, noble, & que la pitié d’un grand cœur, comme celle du Ciel, n’est point une insulte. Mon Pere, ma Mere, les plus indulgens des Peres & des meres, mon Oncle, mes Freres, & tous mes Amis, se sont-ils conduits avec moi par un autre sentiment ? & sans ce motif, la différence de la Religion & du pays n’auroit-elle pas mis un obstacle invincible à leur consentement ? Il l’auroit mis, Chevalier, n’en doutez pas. Avouez donc, que connoissant votre motif & le leur, sachant que me reposer trop sur mes propres forces, c’est tenter le Ciel, je n’ai pas de meilleur parti à prendre, que de me confirmer dans ma résolution. Ô vous, autrefois mon Précepteur ! soyez encore ce que vous avez été pour moi. Vous ne m’avez jamais donné de leçon, dont nous puissions rougir l’un ou l’autre. Servez, comme je vous en ai supplié dans mon Écrit, à fortifier une ame foible. Je reconnois qu’il m’en a couté d’affreux combats : à ce moment même, je suis… au-dessus… ou peut-être au-dessous de moi. J’ignore où je suis, car ma Lettre n’est pas telle que je me l’étois proposé. Elle est trop remplie de vous. Je voulois qu’elle fût courte, & qu’elle ne contînt que des remercîmens pour tous les bienfaits que vous avez répandus sur ma Famille, avec des instances pour obtenir de vous, comme un nouveau remede au trouble de