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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/65

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du Chev. Grandisson.

qu’elle avoit élevée depuis l’enfance. Je ne me sentois pas la force de parler : & quand j’en aurois été capable, dans quelle vue aurois-je entrepris de lui peindre les tourmens de mon cœur ? Je la remerciai de ses intentions. Je la chargeai de dire à Jeronimo que je ferois fonds éternellement sur son amitié ; que la mienne étoit égale à mon respect pour son illustre Famille, & que tout ce que je possédois au monde, sans en excepter ma vie, seroit toujours à leur disposition. Pendant qu’elle me saluoit pour se retirer, je lui mis au doigt un diamant que j’avois au mien ; dans la crainte, lui dis-je, que l’accès de l’hôtel Della Porretta ne me fût interdit, & que je n’eusse plus l’occasion de lui parler. Elle se fit presser long-tems pour le recevoir.

Quelles autres conditions, cher Docteur, aurois-je été capable de refuser ! Combien le poids de mes peines ne fut-il pas augmenté par le récit de Camille ! Ma principale consolation, dans cette triste avanture, est qu’après toutes mes réflexions je me crois acquitté par le témoignage de mon cœur ; d’autant plus que jamais, peut-être, il n’y eut un plus grand exemple de désintéressement, car la terre n’a rien produit de plus noble que Clémentine.

N. Le lendemain, Monsieur Grandisson reçut la Lettre suivante, du Seigneur Jeronimo.

Est-ce vous, mon cher Ami, que je