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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/90

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Histoire

n’ai pas d’autre vue. Il m’a servi de Précepteur, je voudrois lui rendre le même office. Mais il faudra me laisser seule avec lui, car ces fiers hommes rougissent en compagnie, de se voir convaincus par une Fille.

Quoique le dessein de sa Mere n’eût été que de calmer son esprit par cette promesse, l’heureux effet qu’elle lui vit produire & la crainte d’une nouvelle tentative, qui pouvoit tromper la vigilance de tous ses gens, la détermina tout-à-fait à me proposer une visite. Allez, dit-elle à Camille. Il n’y a point d’apparence qu’il ait encore quitté Boulogne. Faites-lui le récit de tout ce qui s’est passé. S’il veut se prêter à nos intentions, peut-être n’est-il pas encore trop tard ; mais il ne doit pas attendre le retour du Pere & des deux Fils. Cependant je ne promets rien de cette démarche. Tout ce que j’en espere, c’est de rendre un peu de tranquillité à ma Fille. Elle passa dans l’appartement de Jeronimo pour lui communiquer cette résolution, dont elle étoit sûre, lui dit-elle, qu’il auroit beaucoup de joie ; & Camille me vint annoncer ses ordres.

Je ne balançai point à les suivre, quoiqu’extrêmement agité de tout ce que j’avois appris. Je trouvai encore la Marquise dans l’appartement de mon Ami. Camille, me dit-elle aussi-tôt, a dû vous rendre compte de notre situation. Cette chere Fille brûle de vous entretenir. Qui sait si votre complaisance & la mienne n’auront pas quelque