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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/94

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Histoire

rance ? En vérité, je crois que vous autres hommes, vous comptez pour rien la conscience dans les femmes ; il vous suffit de nous voir étudier vos volontés, & remplir fidelement ce que nous vous devons. Les hommes se regardent comme les Dieux de la terre, & croient les femmes destinées à les servir. Je n’attendois pas de vous ces cruelles maximes ; vous étiez accoutumé à parler honorablement de notre Sexe. D’où peut être venue votre injustice ?

Un reproche si peu mérité redoubla les tourmens de mon cœur. Je me tournai vers sa Mere : Ne m’est-il pas permis, Madame, de lui apprendre mes Propositions ? Elle paroît croire que j’ai insisté sur son changement de Religion. On n’a pas eu dessein, me répondit la Marquise, de lui faire prendre cette idée ; mais je me rappelle qu’au premier rapport que je lui fis de ce qui s’étoit passé entre vous & l’Évêque de Nocera, son impatience ne me permit point d’achever. C’étoit assez, me dit-elle, qu’elle eût été refusée. Elle me conjura de lui épargner le reste, & depuis ce jour, elle a toujours été dans un état qui ne l’a pas rendue propre à recevoir plus d’information. Si vos propositions avoient été d’une nature qui nous eût permis de les accepter, notre premier soin auroit été de l’en instruire. Aujourd’hui néanmoins, je ne vois aucun mal à lui apprendre ce que vous avez proposé. Elle verra qu’il n’est pas question de