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Page:Richepin - Les Caresses, Charpentier, nouv. éd.djvu/185

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brumaire


Plus d’une espérance folle
A germé sous notre ciel,
Puis, triste, a clos sa corolle
Sans qu’une abeille qui vole
Y vînt parfumer son miel.

Nos voluptés apaisées
Ont ressemblé bien des fois
Aux feuilles mortes, brisées
Par la lourdeur des rosées
Qui sont les larmes des bois.

Tes rancœurs et mes colères,
Comme un soleil irrité,
Ont tari des sources claires
Où nos bêtes familières
Aimaient à boire l’été.

Capricieux et sans causes,
Tes feux en glace changés
Ont, Thermidors et Nivôses,
Tour à tour roussi des roses
Et gelé des orangers.

Mes désirs fous et sans trêves,
Comme des vents furibonds
Ont dispersé sur nos grèves
Le sable uni de tes rêves
Dans leurs vertigineux bonds.