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Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/260

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MES PARADIS


XVIII


Tous les baisers, tous les baisers, premier baiser
Presque en songe, furtif, osant à peine oser,
Baiser qui, stupéfait, s’enfuit de ce qu’il touche,
Baiser plus enhardi qui s’attarde à la bouche,
Papillon, puis abeille y butinant son miel,
Baiser aigle emportant sa proie au fond du ciel,
Baiser cynique en plein soleil qui vous regarde,
Baiser qui dans le cœur entre jusqu’à la garde,
Baiser de nuit trouvant sans lampe d’Aladin
Le Sésame-ouvre-toi du plus secret jardin,
Baiser bu d’un seul coup comme un alcool de flamme,
Baiser bu lentement en vieux vin qui réclame
Toute l’attention muette du buveur,
Baiser reçu comme une hostie, avec ferveur,