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emplois même inférieurs ne sont accordés qu’à des hommes distingués, après des concours rigoureux. De cette nécessité d’étudier il s’ensuit que la Chine est immensément riche en livres et en écrits. Les guerres civiles, la destruction des anciens livres par Chi-Hoang-Ti, les incendies dont un seul (554 de notre ère) a consumé cent quarante mille volumes, ont causé sans doute de grandes pertes„ mais ces maux ont été réparés en partie, et le nombre des bibliothèques publiques et particulières s’est fort augmenté.

Les branches de la littérature chinoise sont très-variées. On n’y trouve aucune idée de ce que nous appelons la rhétorique. Les productions oratoires des mandarins se bornent aux discours qu’ils adressent au peuple pour l’instruire de ses devoirs ; mais les travaux de philosophie et d’histoire sont très-nombreux. On sait que l’amour des Chinois pour les traditions du pays est excessif et qu’ils poussent jusqu’au fanatisme leur vénération pour les monuments des annales nationales. Aussi jamais peuple n’a possédé ou ne possède des corps d’histoire aussi complets, aussi authentiques. C’est l’opinion de tous les missionnaires, entre autres du savant jésuite français, le P. Amiot. On a conservé des éphémérides de plusieurs capitales de province qui remontent à plus de deux cents ans avant Jésus-Christ. Chaque ville a ses historiographes qui enregistrent jour par jour les événements météorologiques et les faits les plus remarquables. Enfin, depuis le règne de Hoang-Ti (deux mille six cent trente-sept ans avant Jésus-Christ), il existe dans la capitale de l’Empire un tribunal historique composé des lettrés les plus distingués, magistrats inamovibles qui sont chargés d’écrire l’histoire générale de chaque règne. On ne choisit que des hommes d’une probité reconnue ; et, pour les mettre à l’abri de tout soupçon de partialité, il leur est défendu de se communiquer leur travail. Chacun écrit ce qui lui paraît digne de remarque, et quand une feuille est remplie, il la jette dans une boîte par une petite ou-