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Page:Richomme - Contes chinois, précédés d'une Esquisse pittoresque de la Chine, 1844.pdf/148

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servées par la tradition. Pourquoi ne pas les représenter par gestes et en faire des tableaux animés ? Nous sommes assez nombreux pour imiter les plus grandes cérémonies.

Il est inutile d’ajouter que cette proposition fut accueillie d’une voix unanime, et Tchoung-ni, demandant une seconde fois la parole, raconta un trait de la vie de l’empereur Tching-Thang :

« Sous le règne de ce grand souverain, dit-il, une sécheresse et une famine désolèrent la Chine pendant sept ans ; toutes les mesures prises pour faire cesser ces fléaux étaient inutiles. Alors l’Empereur, de l’avis du président du tribunal astronomique, résolut d’implorer la bonté céleste en faisant l’aveu de ses fautes. Il coupa ses cheveux et ses ongles, il couvrit son corps de plumes blanches et de poils d’animaux ; puis, se rendant avec les mandarins au pied d’une montagne nommée Sang-lin, il se prosterna la face contre terre, et s’accusa à haute voix d’avoir eu de la négligence à instruire ses sujets, de ne les avoir pas fait rentrer dans le devoir lorsqu’ils s’en étaient, écartés, d’avoir fait des palais trop superbes et d’autres dépenses superflues en bâtiments, d’avoir poussé trop loin la délicatesse pour les mets de sa table ; enfin, d’avoir trop écouté les flatteries de ses courtisans. À peine l’Empereur eut-il cessé de parler, que le ciel devint orageux et fit tomber une pluie abondante qui rendit, à la terre sa première fertilité. »

Les élèves se disposèrent, aussitôt à représenter cette cérémonie, empreinte d’un caractère de si haute moralité, et qui s’est, conservée en Chine jusqu’à nos jours ; ils s’en acquittèrent parfaitement, à la grande joie de Tchoung-ni qui remplissait le rôle de l’empereur. Dès lors, chaque récréation fut employée à ces exercices qui instruisaient les élèves en même temps qu’ils les reposaient de leurs travaux. Le petit philosophe était enchanté de son idée, et le maître, non moins content, l’en récompensa en le nommant moniteur de sa classe. Tchoung-ni s’acquitta de ses fonctions avec le plus grand