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Page:Richomme - Contes chinois, précédés d'une Esquisse pittoresque de la Chine, 1844.pdf/213

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taille un jeune mandarin des lettres qui se portait toujours en avant, et dont le courage excitait l’admiration de toute l’armée. Quel ne fut pas son étonnement lorsqu’un officier général (tsoung-tou) vint lui présenter ce jeune homme couvert de glorieuses blessures, et qui avait pris de sa propre main trois étendards aux ennemis ! C’était Hoang, mais non plus timide, embarrassé, les yeux baissés vers la terre ; il portait la tête haute, et une noble fierté rehaussait la beauté de ses traits :

— Seigneur, dit-il en se prosternant avec respect, vous m’aviez jugé indigne de servir l’État ; j’ai voulu prouver que mes aïeux n’avaient pas à rougir de moi. J’abjure désormais une timidité qui me rendait malheureux et me renfermait dans une triste obscurité. Ce que n’avaient pu faire mes propres efforts ni les conseils de mon vieux père, les paroles de l’Empereur l’ont accompli en un instant.

— J’y comptais, dit le prince en souriant. Allez, vous êtes un digne serviteur, et je vous nomme gouverneur de la ville de Vou-Chang.

Huit jours après, Hoang épousait sa jolie future. Considéré partout pour ses vertus et ses talents, adoré du peuple, chéri de ses proches, il mena une vie calme et heureuse, quoique les mauvais plaisants prétendissent que son mariage avait complété les mille et une infortunes du mandarin Hoang.