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Page:Richomme - Contes chinois, précédés d'une Esquisse pittoresque de la Chine, 1844.pdf/38

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sont les principaux événements de la vingt et unième dynastie. Les fautes, l’inertie et les vices des empereurs devaient amener la ruine de l’Empire menacé sans cesse par les Tartares Niu-tche ou Jou-tche, les Mantchous, qui occupaient les frontières orientales. Réunies sous un même chef, ces peuplades guerrières ne se contentèrent plus de faire des expéditions de pillards ; prenant pour prétexte les querelles de leurs marchands avec quelques mandarins, ils envahirent, le Liao-toung, et leur chef prit le titre d’empereur de la Chine (1616). Les autres hordes tartares vinrent au secours de leurs frères ; partout les Chinois furent battus, et la capitale du Liao-toung tomba au pouvoir des vainqueurs après une lutte sanglante. Le roi tartare Thian-ming publia alors un édit qui ordonnait à tous les Chinois, sous peine de mort, de se raser la tête à la manière tartare. Les Chinois portaient une longue chevelure dont ils étaient très-fiers ; aussi leurs voisins les appelaient-ils le peuple aux cheveux noirs. L’édit des Tartares ranima le courage des vaincus, et plusieurs milliers de Chinois aimèrent mieux périr les armes à la main que de se soumettre à un pareil déshonneur.

Pendant que les empereurs chinois essayaient de lutter contre les Tartares qui menaçaient de renverser leur dynastie, le désordre était au comble dans l’Empire. Le peuple, écrasé d’impôts, se souleva dans plusieurs provinces, et les révoltés formèrent bientôt huit corps redoutables. Leurs huit chefs, qui tous aspiraient à l’autorité souveraine, se firent la guerre, et les révoltés se détruisirent ainsi sous les yeux des armées impériales. Deux chefs restèrent seulement, qui se partagèrent l’empire ; l’un d’eux, véritable brigand, bête féroce à figure humaine, fut tué après avoir mis des provinces entières à feu et à sang ; l’autre, nommé Li-tse-ching, vit ses forces s’accroître de jour en jour ; il se fit déclarer empereur et marcha sur Pékin à la tête de trois cent mille hommes.