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Page:Richomme - Contes chinois, précédés d'une Esquisse pittoresque de la Chine, 1844.pdf/58

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quartier tout homme est soldat ; car dans chacune des maisons nous trouvâmes deux ou trois fusils à mèches, des épées, des arcs, des flèches. On dirait, que le droit de porter des armes est un privilège réservé a la seule race mantchoue ; car les troupes chinoises déposent toujours les leurs dans les arsenaux et ne les ont jamais à leur disposition. » Les défaites successives de son armée ne faisaient point perdre espoir au gouvernement, ou du moins il cachait ses craintes, afin, suivant l’expression chinoise, de tenir propre la face de L’Empereur, c’est-à-dire pour sauver les apparences. « Si tout le monde fait son devoir, répètent les proclamations, il sera possible de plonger à jamais tous les Barbares dans les profondeurs de l’Océan et de donner à la population les bienfaits de la paix et de la tranquillité. » Cependant, après la prise de Chin-Keang-Foo, l’une des villes les plus fortes de l’Empire, le général anglais s’étant avancé sur Nankin et en ayant pris possession, toute résistance devenait impossible, du moins pour le moment, et deux plénipotentiaires de l’Empereur vinrent demander la paix.

Un traité de paix et de commerce fut conclu à Nankin entre sir Henri Pottinger d’une part, et de l’autre le commissaire impérial et grand ministre Ke-ying, l’adjudant-général en activité de Tso-Pou, Elepoo, et le gouverneur des deux provinces de Kiang, Nieou-kli (juin-août 1842). Les Anglais profitaient habilement de la victoire. Outre les avantages qu’ils demandaient pour leur commerce, ils réclamaient vingt et un millions de dollars (plus de cent cinq millions de francs), la cession de l’île de Hong-Kong et le droit d’établir leur commerce dans cinq ports de l’Empire. Leurs rapports avec les Chinois devaient être sur le pied de l’égalité, et ils prescrivaient la mise en liberté immédiate de leurs compatriotes et des indigènes qui leur avaient servi d’espions. Tout leur fut accordé. J’ai sous les yeux le rapport adressé à l’empereur Tao-kouang par ses ministres ; rien de plus curieux que cette pièce