Aller au contenu

Page:Richomme - Contes chinois, précédés d'une Esquisse pittoresque de la Chine, 1844.pdf/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous vu que les revenus de cette branche de commerce se sont considérablement augmentés ; déjà, au mois de décembre 1842, le prix de la caisse d’opium s’était élevé de 2 250 fr. à 2 500. Les clauses du traité de commerce qui diminuent les droits d’entrée ne sont pas moins favorables aux étrangers. Ainsi, un vaisseau de six cents tonneaux qui, avant le traité, aurait payé pour droits de port 5 400 dollars (29 160 fr.), ne paie aujourd’hui que 450 dollars (2 420 fr.). La guerre de la Chine a donc été fort utile aux intérêts du commerce anglais, et le présent donne aux négociants de Londres une idée favorable de l’avenir.

Mais les Chinois respecteront-ils les traités conclus ? se soumettront-ils aux prétentions des barbares qui deviendront, sans nul doute, de plus en plus exigeants ? D’un jour à l’autre, dans un temps plus ou moins reculé, les deux peuples, nous le croyons, devront reprendre les armes. Les Anglais avouent eux-mêmes qu’il existe en Chine une haine profonde contre eux, surtout dans la classe élevée. Il arrivera d’ailleurs un moment où les habitants du Céleste Empire, nation si active et si intelligente, se rendront compte de leurs moyens de défense et battront leurs ennemis avec leurs propres armes. C’est un fait dont l’histoire nous offre plus d’un exemple. Instruits par leurs défaites et profitant des modèles qu’ils ont sous les yeux, les Chinois perfectionnent déjà leurs armes, leur marine. « Dans l’arsenal d’Amoy, dit un officier anglais, était une grande jonque à deux batteries, comme un vaisseau de 74, et presque prête à prendre la mer. Elle avait tous ses canons à bord, et ils étaient portés sur des affûts qui ressemblaient parfaitement au véritable affût marin. » L’Empereur a rendu récemment un édit pour engager tous ses sujets à s’exercer au tir et au maniement, des armes. Des inspections auront lieu à ce sujet dans tout l’Empire, et ceux qui se seront le plus distingués auront le précieux privilège de jouir de la vue de la face impériale. Malgré un calme