Je me tournai froidement vers le roi :
« T’ai-je trompé, ô roi ?
— Non, dit-il étonné et certainement effrayé.
— Eh bien ! vois combien nos intentions sont bienveillantes. »
Je lui présentai le fusil qui avait servi au pauvre Ventvogel.
« Nous te donnons un tube enchanté comme les nôtres ; je vais m’en servir devant toi ; tu jugeras s’il est bon. Mais je te recommande de ne t’en servir contre aucun homme, cela te porterait malheur. Fais planter une lance en terre aussi loin que tu voudras. »
Quand la lance fut plantée, je tirai dessus ; elle vola en éclats. Je remis l’arme au roi qui la prit craintivement et la posa à ses pieds.
Alors le petit être que j’avais pris pour un singe se leva, et je m’aperçus que c’était une vieille femme ratatinée, maigre, sèche, horrible à voir ; sa figure n’était qu’un amas de rides, et n’eussent été ses grands yeux noirs très pleins de vie, on aurait dit une tête de mort.