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Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/103

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population que l’élévation des loyers des habitations et l’élévation des prix des produits, cette conséquence des hauts loyers des entrepôts et magasins, contraint de verser gratuitement une partie de ses revenus aux propriétaires des fonds et des immeubles »[1].

3° Un des principaux champs d’action de la spéculation malsaine se rétrécirait peu à peu et finirait par disparaître.

Mais un point d’interrogation se poserait surtout, au moment du passage en propriété collective des terrains et des immeubles urbains. L’État ou les villes seraient-ils aptes à la gestion

  1. Wagner, Grundlegung, dritte Aufl., zw. Theil, 480. Voir aussi, au sujet de l’exploitation des locataires et des boutiquiers par les propriétaires d’immeubles dont la rente est en augmentation, ibid., 478.
    Quelques chiffres suffiront à donner une idée de l’accroissement de la rente des terrains dans les villes qui s’agrandissent le plus rapidement. Les terrains sablonneux de la partie occidentale de Berlin valaient, quelques dizaines d’années avant la guerre, 100 thalers le morgen. En 1872, ceux situés à la périphérie coûtaient de 3 à 400 thalers et davantage par perche carrée (Quadratruthe), tandis que les mieux situés allaient à 2, 3 ou même 6 mille thalers (Wagner, ibid., 487). À Chicago, le quart d’acre acheté 20 dollars en 1830 valait 45. 000 dollars en 1856 ; 125. 000 dollars en 1872 ; 175. 000 en 1881 ; 325. 000 en 1886 ; un million et 250. 000 dollars en 1894. En un quart de siècle, de 1870 à 1895, le montant des loyers annuels de Londres, grâce uniquement à l’accroissement de la rente du terrain bâti, a augmenté de £ 7. 782. 336, soit 195. 558. 500 francs. Des terrains qui, à Paris, dans le quartier de la Madeleine, coûtaient un centime et demi le mètre carré en 1533, valaient 54 centimes en 1646 ; 6 fr. 40 en 1775 : ils valent aujourd’hui mille francs (Einaudi, La municipalisation du sol dans les grandes villes, «  Le devenir social », janvier 1898).