Aller au contenu

Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me dépense de forces requise, cela peut-il se dire un bon rendement technique du travail humain considéré dans son ensemble ? Ou n’est-ce pas, au contraire, le plus grand gaspillage de forces précieuses qu’on puisse imaginer ?

Une meilleure répartition des richesses ferait cesser ce gaspillage. Elle ferait passer les prolétaires d’un état de véritable douleur à un état de bien-être normal, c’est-à-dire d’un état de félicité négatif à un état de bonheur positif, tandis que cette même félicité positive, presque inaltérée, continuerait à être réservée aux descendants des classes riches actuelles.

Nous avons parlé de ce mal qui réside dans l’inégalité même des revenus.

Faut-il parler maintenant de l’excès de fatigue imposé aux ouvriers, lequel, s’ajoutant à l’insuffisance de l’alimentation, brise toute énergie physique et intellectuelle, amène la dégénérescence de la classe prolétarienne et une douloureuse élévation de sa mortalité ? Celle-ci d’ailleurs comble rapidement, grâce à l’imprévoyante prolification que favorise le salariat, les vides laissés dans ses rangs par les morts prématurées. Et les machines permettant d’exploiter les faibles forces des enfants, leur nombre excessif est un avantage de plus pour les capitalistes. On le sait, c’est surtout cette exploitation des forces humaines les moins coûteuses qui a donné lieu à des atrocités et à des excès inouïs avant que des lois, arrachées à la classe capitaliste par les agitations croissantes