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Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/21

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production utile, et les invite à se lancer dans les entreprises violentes de la spéculation, où la seule force, et surtout la force immense qui dérive d’un capital très considérable, suffit à assurer des gains faciles et fabuleux. De là, à un moment donné de l’accumulation et de la concentration des capitaux, la fatale nécessité historique de la spéculation effrénée.

C’est, après tout, à la grande spéculation, maîtresse, par ses énormes capitaux, du sort des entreprises productives, que sourit exclusivement la fortune, et quelle fortune ! Les capitaux moins élevés, incapables de courir les risques de la spéculation, et ceux encore inférieurs, en train de se former péniblement par le travail et l’épargne, ont la tâche ingrate et modeste de pourvoir aux entreprises utiles, et aussi d’assouvir, par une partie de leur profit, parfois par tout leur montant, l’épouvantable et néfaste voracité du capital de spéculation. Et la masse prolétarienne des travailleurs, unique et effective productrice de tout ce dont jouissent en parasites les rois du capital, réduite au strict nécessaire malgré le prodigieux accroissement de la somme totale des richesses et malgré tant de merveilleuses inventions multiplicatrices de la productivité du travail humain, est jetée sans relâche sur le pavé par l’ouragan furieux et ininterrompu des crises ; elle pâtit seule, en définitive, de toutes ces misères, ces ruines et ces iniquités.


Enfin, si nous pouvions reprendre en détail