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Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/61

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remplacer celles qui incessamment se consument — évidemment facile a soustraire aux prélèvements de l’État. Il faudrait, pour la retenir et détruire les causes artificielles d’émigration des capitaux d’un pays à l’autre, que la classe prolétarienne, triomphante partout, adoptât partout les mêmes processus de nationalisation. Le danger serait à son comble au cas d’une expropriation révolutionnaire violente, et bien moins grand sans doute si des voies pacifiques et légales avaient préparé les prélèvements, et si ces prélèvements étaient gradués. Il diminuerait encore, pour des quotités égales, quand on opèrerait sur les successions et non sur l’avoir des vivants ; et il serait enfin d’autant moindre, au cas particulier d’impôts progressifs dans le temps sur les héritages, que la progression adoptée serait plus lente. Pourtant, répétons-le, il ne pourrait être éliminé que par l’arrivée au pouvoir de la classe prolétarienne simultanément dans tous les États à production capitaliste très avancée. C’est justement le fait que tout vaste processus de nationalisation se trouverait en face de cet obstacle et, sans le triomphe simultané des prolétaires dans les principaux pays, ne parviendrait jamais à le surmonter complètement, qui démontre surtout l’irréfragable nécessité, pour la classe prolétarienne, d’élever partout la question sociale à la hauteur d’une question internationale, d’appeler de toutes parts a une ligue fraternelle, à une action solidaire et concordante le prolétariat du monde entier.