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Page:Rivoire - Berthe aux grands pieds, 1899.djvu/131

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BERTHE AUX GRANDS PIEDS

Tandis qu’elle brodait, rêveuse, en sa chaumière,
Le cœur plein d’un mystérieux et tendre émoi,
Il lui sembla qu’un ange en robe de lumière
De loin lui faisait signe et lui disait : « Suis-moi ! »

Sans surprise, docilement, elle est venue.
Elle est là maintenant, grave et craintive un peu.
Le roi Pépin la prend par sa blanche main nue,
Et les parfums du soir embaument leur aveu.

« C’est donc vous, cette fois, vous que j’ai tant aimée,
Vous que je pressentais absente obscurément !
Je vous ai. Votre main tremble en ma main fermée…
Ce n’était donc pas vous qui faisiez mon tourment.

« Je regarde et je vois. Quand je maudissais l’autre.
Et que je détestais son âme en son beau corps.
Le corps seul, que j’aimais, était un peu le vôtre,
Et je ne pouvais pas adorer sans remords.