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Page:Robert - Les Mendiants de la mort, 1872.djvu/120

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les mendiants de la mort

— Ah ! mon Dieu ! s’écria la comtesse avec un subit et véritable intérêt. Et vous êtes de la communauté de Saint-Vincent-de-Paul… en Basse-Normandie ?

— Oui, madame la comtesse.

— Établie prés de Granville ?

— C’est cela.

— Et votre maison a été brûlée !… Juste ciel !… Ah ! ma pauvre tante !

— Votre tante ! répète Friquet un peu saisi, mais non déconcerté.

— Certainement… ma chère tante… sœur Eulalie.

— Ah !… sœur Eulalie… oui… oui… une bien sainte femme, l’honneur de la communauté. Mais rassurez-vous, elle est en parfaite santé… Il n’y a pas eu, Dieu merci, de victimes dans le désastre, et nos bâtiments seuls ont été détruits… La communauté ne possède plus rien… et nous… sommes forcées d’implorer l’assistance des âmes généreuses…

— Il faudrait bien peu de chose pour relever ces modestes bâtiments, dit le chargé d’affaires…... Mon Dieu, quelques mille francs…

— Nous devons avoir recours pour cette somme aux bienfaits de la charité. Je suis venue à Paris recueillir les dons qu’on voudra bien nous faire… et c’est pour ce sujet…

En ce moment un domestique entra.

— Pour madame la comtesse, dit-il en présentant une lettre sur un plateau d’argent.

— De Granville !… s’écria madame de Fondrieux. Ah ! cette lettre est de ma bonne tante ; elle a voulu bien vite me rassurer sur l’événement.

— Sans doute elle vous donne de longs détails, dit Friquet en se levant vivement, mais sans lâcher prise… et je serai heureuse de lui porter des nouvelles de madame la comtesse… quand la triste mission que je remplis ici… car il est toujours bien pénible d’implorer la pitié publique !… on n’est pas aussi bien accueilli par tout le monde que par madame la comtesse…

— Certainement… Je vais vous remettre ma petite offrande, dit madame de Fondrieux en tournant la lettre de Granville entre ses doigts et en se dirigeant vers un secrétaire.