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Page:Robert - Les Mendiants de la mort, 1872.djvu/217

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les mendiants de la mort

L’entrée principale de la Force est dans la rue du Roi-de-Sicile ; c’est là qu’on monte la garde ; dans la sombre et imposante façade qui règne sur la rue Pavée, se trouvent seulement un portail guicheté qui s’ouvre pour les voitures, puis la petite porte de la cantine.

C’était là que les captifs venaient de sortir ; mais leur embarras fut extrême, lorsqu’au lieu d’une voiture qu’ils espéraient rencontrer, ils en virent deux, stationnant à peu de distance de la prison : l’une à leur droite, du côté qui va rejoindre la rue Culture-Sainte-Catherine ; l’autre à gauche, près de la rue du Roi-de-Sicile.

Ils voyaient ces voitures à la faible clarté des réverbères, sans les distinguer assez pour se guider dans leur décision.

Mais comme sujet de trouble bien plus grand, le portail de la Force, dont on ne se sert que dans les occasions extraordinaires, était ouvert en ce moment de la nuit, et il y parut bientôt des lumières.

Herman et Gauthier se jetèrent éperdus sous la voûte creusée au milieu de cette lourde façade et attendirent là, dans le plus imminent danger qu’ils eussent encore couru.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dans la journée qui précédait cette nuit d’évasion, voici ce qui s’était passé.

Robinette était instruite, depuis la veille au soir, du jugement qui condamnait Pasqual au bagne à perpétuité.

Dans la lettre que celui-ci avait remise à la jeune fille deux jours auparavant, et à laquelle il avait joint d’autres papiers, il demandait à son ancienne amie de faire pour lui quelques démarches, dont elle devait s’acquitter le lendemain du jugement.

D’après la recommandation de Pasqual, qui lui disait de prendre avec elle deux de ses compagnons lorsqu’elle irait remplir ces commissions, elle choisit, pour l’accompagner, le brave petit Pierrot, qui valait bien un plus grand garçon pour la raison et le courage, et l’aveugle François, pénétré pour Pasqual d’une ancienne reconnaissance.

Puis la jeune fille suivit les instructions qui lui étaient données.

Elle se rendit avec ses deux compagnons au bureau de la Préfecture. Là, elle remit la lettre de Pasqual qui contenait les deux billets de mille francs, et il lui fut délivré