Aller au contenu

Page:Robert - Les Mendiants de la mort, 1872.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
les mendiants de la mort

— Ah ! c’est mal, monsieur Friquet, dit Corbillard. Un ami, morbleu ! il ne faut pas jouer avec ce mot-là… L’amitié, voyez-vous, c’est un mot sacré.

— Eh bien ! s’écrie le mendiant à domicile, je serai alors de vos ennemis… Soit, j’ai surpris votre secret, je vous dénoncerai…

— Vous !

— Oui, moi… et mon camarade, si vous ne nous donnez pas une part de cet argent, et une part que nous fixerons, nous allons faire de ce pas notre déclaration à la police.

— Des traîtres ! s’écrie Pierrot en se jetant au premier rang et en relevant ses manches, des traîtres ! des mouchards !… Les amis, je crois que je vas taper dessus.

— Oui, faut taper, dit le nègre en se reculant.

— Vous n’oseriez pas, misérables ! dit impudemment et en relevant la tête le comte de Rocheboise.

Mais Friquet se tournant vers son confrère, lui dit à demi-voix :

— Ils ne s’en gêneraient pas.

Puis, dans son évolution, il se baisse et saisit prestement un sac d’écus : et, le hangar étant ouvert à tous vents, il va se sauver avec sa proie.

Mais Jupiter a vu le rapt. Il lance devant les pas de Friquet une longue planche qui fait faire au fuyard un soubresaut en arrière.

En même temps, le nègre crie de toutes ses forces au voleur !

Les mendiants poursuivent et atteignent bientôt le félon. Leur colère s’allume en voyant le sac d’argent qu’il s’est traîtreusement approprié ; et, comme Friquet commence à distribuer des coups autour de lui pour défendre sa capture, ses adversaires s’irritent encore davantage.

Les plus braves de la troupe enveloppent et serrent étroitement Friquet et son compagnon, et une lutte violente s’engage.

C’est une sombre et épaisse mêlée, éclairée çà et là par les lueurs rouges que jette la lanterne du hangar. Au centre, on voit nombre de bras et de poings levés et lancés à grande force ; tandis que, par derrière, la masse des femmes et des pauvres diables hors de service aide seulement aux combattants par de bruyantes clameurs.

Pourtant, après un certain temps de coups et de tapage,