Aller au contenu

Page:Robert - Les Mendiants de la mort, 1872.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
les mendiants de la mort

menant sa voix au diapason demandé ; et, de plus, allons de suite au fait.

— C’est ce que je désire.

— Et moi encore plus… car il fait diablement froid dans votre palais.

— Voulez-vous que j’ouvre la fenêtre ?… ça radoucit un peu l’air…

— Merci… vous savez ce qui m’amène.

— Votre lettre me l’a à peu près fait comprendre.

— Il me faut quarante mille francs.

— Mais… pas pour vous ?

— C’est moi qui traite… le reste ne fait rien à l’affaire.

— Je vous demande pardon, mon petit… Ah ! excusez, monsieur de Pasqual… l’ancienne habitude…

— Allez toujours !

— Le nom de l’emprunteur fait beaucoup, car les sûretés en dépendent… Du reste, comme je devine de qui il s’agit, je dirai comme vous : Allez toujours.

— Il me faut quarante mille francs demain avant midi.

— On peut vous les faire-trouver, dit Corbeau, dont le visage se colore peu à peu, dont les yeux s’illuminent dans leurs sombres orbites… ça dépendrait des conditions.

— Faites-les vous-même. J’écoute.

— Avons-nous des propriétés au soleil ?

— Non… mais un mobilier de grande valeur, des équipages qui seuls représentent au delà de la somme.

— Hum… sur de telles garanties, ça vous coûtera plus cher.

— Mais, mon cher, vous ne comptiez pas sur des hypothèques ?

— C’est juste, reprend Corbeau avec une ironie acerbe ; pour un emprunt régulier, on a recours aux valeurs des notaires… qui valent mieux que les nôtres. Alors, que voulez-vous ?

— De l’argent sur billets.

— C’est bien présomptueux.

— Avec notre crédit ?

— Parbleu, votre crédit ne doit pas être si bégueule, puisqu’il a recours à nous.

— Mon vieux… des circonstances particulières nous forcent… ce prêt doit être secret.