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Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/129

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stacles s’opposent ! quelle difficulté se présente ! le sang coule ; je souffre, elle souffre encore davantage : n’importe, nous poursuivons notre entreprise, je fais un nouvel effort, elle s’agite en même temps, je pousse ; un cri douloureux frappe mon oreille ; mais je ne suis plus à moi, je suis noyé dans un torrent de délices. En vain la fontaine de la vie a coulé, elle ne peut diminuer la fierté de ma contenance : je reviens à la brèche ; pour cette fois le mal s’est enfui, l’épine ne blesse plus la rose, nous n’avons plus que des jouissances à éprouver.

Ah ! qu’elles sont grandes, combien ces plaisirs sont plus vifs, plus impétueux, lorsqu’ils sont le partage de l’amour et de la jeunesse ? Oui, je suis encore sur ton sein, Euphrosine, je possède tous tes charmes à la fois ; toi-même tu me presses, tes mains errent sur moi en tous sens, elles excitent la flèche écumante, elles se jouent autour de ces deux objets dont la nature l’a décorée, et moi je dévore les boutons qui te restent ; mon doigt se joue sur la mousse légère, ou va interroger le plaisir au fond du temple. Non, quand ils renaîtraient mille fois, ces voluptueux instants, ils ne seraient pas plus incendiaires ; jamais une pareille beauté ne recevra plus mon hommage ; et pourrai-je en trouver une plus belle encore, je n’aurai plus mes quatorze ans…


Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, vignette fin de chapitre
Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, vignette fin de chapitre