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Page:Roches - Oeuvres.djvu/168

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DE M. DES ROCHES.

Pour aller prendre au ciel ſa place dediée,
Et que ſes citoyens cauſes de ſon treſpas
L’ayant empoiſonné ores ne veulent pas
Qu’il ſoit enſevely dedans ſa terre aymee
Se montrant enuieux deſſus ſa renommee,
Aymons ce qui nous reſte, honorons ſa priſon,
Le feu ſ’en eſt volé, gardons bien le tiſon.
L’enuie regardant cette dame piteuſe
Dans ſoy meſme ſentit une ire ſerpenteuſe,
Roüant ſes deux grans yeux pleins d’horreur & d’effroy,
Ah ! Ie me vengeray, (ce dit elle) de toy,
He ! tu veux donc ayder, (ſotte) tu veux deffendre
Phocion, dont ie hay encor la morte cendre,
Saches qu’en peu de temps ie te feray ſentir
De ton haſtif ſecours vn tardif repentir :
Car en deſpit de toy i’animeray les ames
Des maris, qui ſeront les tyrans de leurs femmes,
Et qui leur deffendant le liure & le ſçauoir,
Leur oſteront auſſi de viure le pouvoir.
Auſſi toſt qu’elle eut dit, elle gliſſe aux moüelles
Des hommes qui voyans leurs femmes doctes-belles
Deſirent effacer de leur entendement
Les lettres, des beautez le plus digne ornement :
Et ne voulant laiſſer choſe qui leur agree
Leur oſtent le plaisir où l’ame ſe recree
Que ce fuſt à l’envie vne grand’ cruauté
De martirer ainſi cette douce beauté :
Les dames auſſi toſt ſe trouverent ſuivies
De fiebvres, de langueurs, & d’autres maladies ?