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Page:Roches - Oeuvres.djvu/70

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DE M. DES ROCHES.

ie diray vne chanſon. Vieil. Allez, allez petite affectee, i’ay bien affaire de vous, ny de voz chãſons, vous auez tantoſt parlé ſi defuantageuſement de moy en vne, que ie vous en feray repẽtir bien aigremẽt. Iev. Toubeau, toubeau ne ſoyez pas ſi facheuſe, danſez ſi bon vous ſemble, & mettez repoſer voſtre cheual de bois. Vieil. Ne vous mocquez point de mõ cheual, il a plus de force que vous ne penſez. Iev. Ha ! ie croy qu’il eſt fort gaillard, mais d’où l’auez vous eu ? eft-ce vn Genet d’Efpaigne, ou vn Roſſin d’Allemaigne, ou bien vne Hacquenee de Bretaigne ? Vieil. Ie ne vous diray point d’où il eſt, vous ſuffiſe que vous le pourrez ſentir à voſtre dõmage. Iev. Comment bonne femme, ſeroit-il bien de la race des cheuaux de Diomede, qui repaiſſoient de corps humains ? ſi ie penſoy cela, ie m’ẽ iroy bien toſt d’icy. Toutesfois ie me doute plus volontiers qu’il eſt parent du cheual Seian, car il mena ſon maiſtre à la mort, & cettuy-cy vous conduit à la voſtre prochaine. Vieil. Qui vous a dit que ie ſuis proche de la mort, & ie vous aſſeure que vous mourrez auant moy, comme vous eſtes nee la première. Iev. Me voulez vous ainſi faire croire que ie fuis au monde auant vous, qui feriez bien mere de l’ancien Demorgorgon ? Vieil. Vous feriez doncques ſon ayeule. Iev. Ô vieille hideuſe ! Vieil. Ô ieune ſotte ! Iev. Vous deſiez tantoſt