Aller au contenu

Page:Rodenbach - La Belgique, 1880.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Les Druides, levant au ciel leurs fronts pensifs,
Parés de gui, priaient les dieux dans les clairières,
Et les vierges mouraient sur les dolmens massifs
Pour mêler leur sang rouge au vol blanc des prières.

Des alliés nombreux épaississaient nos rangs :
On venait des cantons et des tribus prochaines,
Car le vent leur portait avec l’eau des torrents
Nos cris de liberté qui montaient dans les chênes.

Romains, vous l’avez vu cet effort triomphant
D’un peuple qu’on assaille au fond de ses repaires,
Et qui se lève, et qui se rue, et qui défend
Les berceaux des enfants et les tombes des pères !

Hélas ! le Belgium vaincu, mis en lambeaux,
Tomba, sans nul espoir de briser ses entraves ;
Mais César pour jamais grava sur nos tombeaux :
« Parmi tous les Gaulois ceux-ci sont les plus braves » !…
 
Vous, frères, qui plus tard avez vécu vos jours,
Dites-moi, si la jeune et vaillante patrie
Dans mes deux bras mourants est morte pour toujours,
Ou si les Dieux enfin l’ont vengée et guérie ?