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Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/111

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II


Mais quand le soir tombait, quand les proches blancheurs
Des voiles indiquaient le retour des pêcheurs,
Ils auraient pu la voir s’en aller vers la dune
Et, sous les doux regards indulgents de la lune,
Ils l’auraient vue au bras d’un vigoureux marin.
Tous deux se profilaient comme un couple d’airain
Sur l’horizon de mer où fuyaient des mouettes
Et l’ombre agrandissait leurs vagues silhouettes.

C’était l’heure où l’on aime : où les vents apaisés
Semblent tout alourdis d’aveux et de baisers,
Où les mêmes élans de voluptés farouches
Font dans l’ombre s’unir les ailes et les bouches,
L’heure où la mer frémit, comme un amant charnel,
Quand la lune paraît au balcon noir du ciel !…