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Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/120

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Mais on s’occupe peu du concert ; on babille,
On bisse le morceau sans l’avoir écouté,
Et comme le champagne, ainsi l’esprit pétille
Sur les lèvres en fleur qu’empourpre la gaîté.

Sous les lustres flambants s’avivent les toilettes ;
Les dames ont bon air dans leurs maillots serrés
Où s’attache un petit bouquet de violettes
Sur un nœud de dentelle aux bouts longs et carrés.

D’autres ont un corsage ouvert, et leur cou pâle
Brille comme un satin sous l’or de leurs colliers ;
Quand l’air du soir fraîchit elles mettent un châle
Et s’abritent du vent derrière les piliers.

Toutes pour le soleil ont des chapeaux de paille
Très grands, garnis de tulle ainsi que des bouquets,
Où rubans, fleurs, oiseaux, tout s’agite et tressaille
Dans le balancement de leurs saluts coquets.

Les hommes en veston négligé sont près d’elles
Un monocle dans l’œil, un jonc dans leurs gants clairs,
Et sous les éventails, qui font comme un bruit d’ailes,
Passent des mots brûlants, plus prompts que des éclairs,