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Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/125

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Ils sont impatients d’attendre,
Et dans ces blonds cheveux bouclés
Comme des bleuets dans les blés,
Frissonnent des nœuds d’azur tendre.

Enfin le signal est donné :
On court, on s’appelle, on s’arrange ;
Et c’est une mêlée étrange
Où chaque couple est entraîné.

Beaucoup ne font que des ébauches
De pas brusques, de pas pesants ;
Ils sont d’autant plus séduisants
Qu’ils sont plus troublés et plus gauches.

Ils dansent très bien les polkas
Et tout en dansant ils s’embrassent ;
Mais dans les valses s’embarrassent
Leurs pieds migrions et délicats.

C’est comme un paradis terrestre
Tout rempli d’anges trébuchant ;
Et leur voix, plus douce qu’un chant,
Se mêle aux accords de l’orchestre.