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Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/76

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Les riches sont près d’eux, entassés n’importe où ;
Et l’église bientôt se remplit du froufrou
Que font en balayant le pavé les toilettes.
Sur les profils hâlés la blancheur des voilettes
Flotte comme une extase où sont noyés les yeux.
Tout ce monde à genoux est bon, croyant, joyeux !…

Voyez ! vous les railleurs ! voyez ! vous les athées !

Les dames, dans leurs mains coquettement gantées,
Fidèles malgré tout aux usages anciens,
Tiennent dévotement de petits Paroissiens ;
Et les marins, ces forts que Dieu seul encourage
Quand ils sont sur la mer et que mugit l’orage,
Égrènent un rosaire entre leurs doigts calleux.

Le soleil resplendit et dans les vitraux bleus
Met des tons d’or sur les cheveux des blondes vierges.

La messe se poursuit dans l’encens et les cierges
Et la cloche agitée au sommet de la tour
Livre son âme errante aux échos d’alentour.