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Page:Rodenbach - Le Foyer et les Champs, 1877.djvu/12

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Le ruisseau tombe en cataracte
Sous un rustique pont de bois ;
Les oiseaux donnent sans entr’acte
Leur gai concert au fond des bois.

L’insecte au dos luisant, qui glisse
Dans le gouffre d’un filet d’eau,
Sur quelque brin d’herbe se hisse
Et le conduit comme un radeau.

Aux champs les blanches pâquerettes
Pour mieux plaire aux zéphyrs aimants,
Ont repassé leurs collerettes
Où l’aube met des diamants.

Les laveuses font leurs lessives
Dans la rivière, en s’y mirant ;
Et les saules, nymphes pensives,
Lavent leurs cheveux au courant.

Le long des chemins et des plaines
Les vaches, branlant leurs grelots,
Vont beuglant, les mamelles pleines
Du lait qu’on va leur traire à flots.

Les grenouilles mélancoliques
Roulant de gros yeux entr’ouverts,
Chantent d’étranges bucoliques
Et plongent sous les roseaux verts.