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Page:Rodenbach - Le Foyer et les Champs, 1877.djvu/39

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Dès que le mois de Mai commençait à fleurir,
— Troupe d’enfants joyeux qu’on aime à voir courir, —
Nous apportions le soir bouquet, offrande, cierge,
Dans la chambre riante où se groupaient nos lits ;
De nos cœurs, s’exhalait comme un parfum de lys
Devant la statuette en plâtre de la Vierge.

Plus tard aux sombres nuits qui précédaient Noël
Nous pensions voir voler dans les lueurs du ciel
Un séraphin portant des cadeaux sous ses ailes,
Pour venir les suspendre au sapin verdoyant.
Et le jour, quelle joie au réveil ! en voyant
Le vieil arbre d’hiver avec ses fleurs si belles.

À Pâques nous cherchions les œufs rouges, bleus, verts,
Que la « cloche de Rome » en tintant dans les airs
Semait avec un soin jaloux sous chaque plante.
Oh ! comme nous courions, plus agiles qu’un daim,
Fouiller parmi les fleurs et l’herbe du jardin
Payant en gros baisers notre mère tremblante.

Lorsqu’arrivait le jour de fête des parents,
Nous apprenions par cœur de naïfs compliments ;
Marchant à petits pas, rouges, fiévreux, timides,
Nous venions au lever leur offrir nos bouquets
Ou les faire sourire à nos charmants caquets
Qu’ils écoutaient le cœur ravi, les yeux humides !…