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Page:Rodenbach - Le Foyer et les Champs, 1877.djvu/81

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Devant une tête de Mort.

Tu n’es plus maintenant qu’un vide
pour moi, une chose odieuse.
Byron.


Ô crâne ! face morne ! ô néant, ô mystère !
Je voudrais te parler, et ne puis que me taire
En contemplant l’horreur de tes os vermoulus,
Épave que le temps brisa dans son reflux !
Tes yeux vides de pleurs sont comme des abîmes.
Ton front n’a plus un seul de ces éclairs sublimes
Que la pensée humaine y jetait autrefois !
Tu n’as plus de regard et tu n’as plus de voix
Mais tu sembles pourtant me fixer et me dire,
De ta bouche rongée, ouverte pour maudire,
Que l’implacable mort m’aura bientôt jeté
Dans ce moule où pour tous règne l’égalité !…