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Page:Rodenbach - Le Mirage, 1901.djvu/66

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JANE.

Oui, tu es gentil…

Elle se lève et va l’embrasser.
HUGHES. Il l’enlace, l’incline sous son bras en la renversant.

Ah ! ton visage ! Tu ne sais pas tout ce que j’éprouve en regardant ton visage… Tes beaux cheveux ! Tu l’ignores ! mais je les connaissais, tes cheveux, avant de te connaître ! Et tes beaux yeux, tes yeux verts ! Ils sont couleur de l’eau… Et ils m’entraînent, si loin, si loin ! Je m’en vais dans du passé…

JANE, l’air étonné.

Vraiment ? Tu m’aimes, alors ?

HUGHES.

J’aime tes yeux, j’aime tes cheveux, et ton visage, et tout ton air… J’aime ta voix… Tu n’as besoin de rien me dire qui soit doux ou bon. Parle seulement. Parle comme si tu rêvais tout haut, comme si tu conversais avec un oiseau ou avec tes