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Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/20

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Tout est songe, tout est solitude et silence
Parmi l’aquarium, pur d’avoir renoncé,
Et même le soleil, de son dur coup de lance,
Ne fait plus de blessure à son cristal foncé.
L’eau désormais est toute au jeu des poissons calmes
Éventant son repos de leurs muettes palmes ;
L’eau désormais est toute aux pensifs végétaux,
Dont l’essor, volontiers captif, se ramifie,
Qui, la brodant comme de rêves, sont sa vie
Intérieure, et sont ses canevas mentaux.
Et, riche ainsi pour s’être enclose, l’eau s’écoute
À travers les poissons et les herbages verts ;
Elle est fermée au monde et se possède toute
Et nul vent ne détruit son fragile univers.