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Page:Rodrigues - Midraschim et fabliaux.djvu/10

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Même une biche au pied agile
Ne pouvait passer auprès d’eux,
Sans que son allure tranquille
Couvât un projet ténébreux.

Lors, un jour, rumeur souterraine
S’éleva du fond de ces bois,
Et se répandit dans la plaine,
Comme une formidable voix.

Rejetant chevelure arrière,
Un saule pleureur idiot
Criait : « Frères, par la clairière,
Je viens de voir un chariot.

Chariot plein de fers de hache,
De taillants, luisants au soleil ;
Ils viennent accomplir la tâche
De nous conduire au grand sommeil.

— Fi ! le peureux, dit un vieux chêne,
Encor très vert, quoique ridé ;
Faudrait-il pas se mettre en peine
Pour un chariot attardé ?