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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

leux, où le géant, tranché en pièces, repousse de nouveaux bras, —lézard antédiluvien — le thème de volonté, retrempé dans le feu, martelé sur l’enclume, se fragmente, s’allonge et s’amplifie. Et c’est le récit halluciné de Beethoven à Bettine :

— « Je le vois fuir et se perdre, dans le chaos des impressions, je le poursuis, je l’étreins de nouveau avec passion, je ne puis plus m’en détacher, il me faut le multiplier, dans un spasme, en toutes les modulations… »

Sur la plaine sans bornes s’étend, par corps d’armées, le thème innombrable ; il déroule ses amples développements. Le flot monte, par vagues étagées ; mais, comme des bouquets d’arbres, surnagent çà et là, au milieu du torrent, des îlots d élégie. En dépit du travail du forgeron géant, qui s’achcrne à souder les motifs opposés, le verbe de volonté n’atteint pas encore à la complète victoire. En vain (mesures 302-303) réalise-t-il, un instant, l’homophonie puissante des octaves en majeur :

il dégringole ue nouveau en mineur, remonte, retombe ; vainement il entasse Pélion sur Ossa (mesures 341-370)… Précipité en bas, terrassé sous la masse,