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BEETHOVEN

C’est le souffle de la génération napoléonienne qui monte, et qui, de Paris à Vienne et de Madrid à Borodino, va taler le dos de la vieille Europe sous le cuir de ses pieds. La contre-partie de cette tension héroïque est le rêve pastoral, où, soudain, sautant de selle, le haut collet de l’uniforme largement dégrafé, le conquérant détend sa fièvre et baigne l’action nue. Qui en découvrit de plus frais ruisseaux que l’auteur de Pop. 10 n° 2 x, de Pop. 14 n° 2 2, de l’op. 28 3 ! (J’y reviendrai.)

Mais s’il partage ces deux tendances, héroïque et pastorale, avec le temps qui vient et dont il est le scalde, qui chante devant l’armée en marche, — ce qui n’est qu’è lui seul, ce sont les gouffres d’âmes, où nichent les nuées et les éclairs, ces brusques et fréquents changements d’atmosphère, cette mer intérieure, où sans transition l’ombre alterne avec la lumière, où l’humour d’un Ariel ou d’un Puck se joue sur la crête des vagues de la nuit. Cette libération d’une nature surchargée de pesantes tristesses et de passions, par les rudes élans du caprice bondissant, créera son expression propre dans les fauves Scherzos beethoveniens. Mais iis ne font que s’essayer encore, dans les Sonates du début *. * 2 3 44. Sonate en fa majeur, premier Allegro. 2. Sonate en sol majeur, premier Allegro. 3. Grande sonate en ré majeur, dite Pastorale. 4. Allegretto (deuxième morceau) de l’op. 10 n° 2. — Scherzo de l’op. 26 (Sonate à variations, et à marche funèbre, où l’on peut voir une préparation subconsciente à la Symphonie héroïque). Dans le Nolierungsbuch de 1800, le scherzo de la sonate pour violon, op. 23, se présente d’abord à l’esprit sous la forme Minueito, lourd eu ? pattes, encore démuni de ses élisions et syncopes^