Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
134
BEETHOVEN

Toute une immense tragédie, dont la substance est l’âme d’un Peuple, qui s’incarne en son Choryphée. Le royal tableau de la Mélancolie 1. On pense aux chœurs Eschyléens, dédiés par Hændel aux Grandes Déesses, aux Euménides : l’Envie, la Jalousie1 2. Jamais Beethoven n’avait encore réalisé jusqu’à cette œuvre la plénitude classique d’une forme lyrique où s’accordent les exigences de son Moi et la majesté des lois impersonnelles. Il fut longtemps, ensuite, avant de la retrouver.

L’adagio de la Pathétique (op. 13) est, comme toute la sonate — (j’y reviendrai) — une trop parfaite réussite, tans une forme théâtrale, où les acteurs sont trop visibles, un dépit de la stricte maîtrise, le dialogue (en particulier^ dans l’épidose en mineur) a un caractère trop extérieur. 1. a Chacun sentait dans ce largo, dit Beethoven, l’étal d’esprit d’un mélancolique avec toutes les nuances diverses de lumière et d’ombres dans le tableau de la Mélancolie ». (Entretien avec Schindler, 1823.)

2. L’Envie, dans Saiil. La Jalousie, dans Héraklès.