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BEETHOVEN

retombe définitivement, et se tait, épuisée, tandis que comme un glas, la basse répète, seule, le rythme de son sanglot :

U allegretto qui suit sans interruption — Attacca subito il seguente ») — a suscité quantité d’explications psychologiques, dont Marx et Nagel (entre autres) nous montrent les dangers, pour ne point dire les ridicules. Nous ne nous y risquerons pas. Mais quoi qu’aient pu voir les yeux de Beethoven, en l’écrivant, ce que chacun peut évaluer avec certitude, c’est l’effet voulu et produit par ce petit tableau, mis à cette place dans l’œuvre. Cette grâce qui joue et sourit, doit immanquablement provoquer •—• et elle provoque en effet — une exaspération de la douleur ; son apparition mue l’âme du début, pleurante et déprimée, en une furie de la passion.

D’où, l’immortelle éruption du presto agitato final. — Sur le staccatissimo de.l’accompagnement, qui fouette comme une grêle 1, la rafale se déchaîne, par cinq coups de vent 1. Je dénonce la trahison de presque tous les éditeurs qui, déformant sans pudeur l’accentuation originale, ont substitué, pour cet accompagnement haché, le point (’) à l’accent (’) malgré les prescriptions formelles de Beethoven :

« Wo über die Noie (•), darf hein (’) siatt dessen slehen und so umgekehrt — es ist nich gleichgüllig ptê’ç* und Æsi) .. » (à Cari Holz, 1825). Cf. Nottebohm : Beethoveniana, 1872, p. 107-125.