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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

et Frimmel s’y sont appliqués — que l’ensemble de cette sonate forme une unité organique parfaite, ni surtout complète. Même sans y chercher une succession de pensées ou d’émotions logiques — (ce qui serait bien difficile à démontrer ) — même en ne lui demandant que l’unité esthétique, l’harmonieux équilibre des ombres et des lumières, et en reconnaissant que l’artiste l’a, dans sa suite de morceaux, habilement réalisé 1, — il reste qu’à cet équilibre manque un je ne sais quoi, pour satisfaire pleinement l’esprit. Trop lourde est la substance mélodique et psychique du premier morceau, trop mince et diaphane l’étoffe du dernier, faite en fils de la Vierge. L’œuvre, sans contrepoids, a tendance à chavirer. Nul doute que Beethoven ne l’ait senti, Il y a remédié dans YAppassionata.

-rt y t déjà, dans Y Aurore (op. 53), l’équilibre de l’ent semble est bien plus magistralement assuré. ’ Cette œuvre si célèbre est assez mal connue. La surabondance pianistique, qui l’enveloppe d’un brillant 1. L’apaisement progressif de la coda du tumultueux premier morceau prépare Vadagio. — Celui-ci y est apparenté, à la tierce. — Et à peine a-t-il exhalé son dernier souffle de lassitude extasiée, que le flot de l’allegretto reprend le lit de la tonalité du premier morceau. Mais par la magie d’Obéron, le sombre ré mineur, qui était au début le visage du tourment, devient celui du rire et de la fantaisie.