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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

thoven en aurait repris la seconde partie, dont l’intention est franchement bouffonne :

cessions tonales les plus simples, aient été, en tous les temps, façonnées à nouveau, sans aucune imitation ni conscience d’un modèle antérieur. Ceci me paraît certain pour Beethoven, dont l’esprit constructeur suivait et cherchait les voies les plus simples. — Il faudrait donc accepter de M. Friedlânder cette constatation surprenante, que Beethoven n’a pas composé un seul Volkslied allemand, et qu’il est très difficile, presque impossible, de relever dans sa musique des influences directes du Volksliedstil ». (a) — Il en est tout autrement des maîtres qui l’ont précédé, y compris J. S. Bach. Or, comme l’art de Beethoven est —- par ses tendances homophones, ses grandes lignes simples et claires, sa volonté évidente de parler à tous, — d’essence beaucoup plus populaire que celui de tous les autres musiciens (à l’exception de Haendel), il faut croire que cette exclusion du Volkslied a été par lui voulue, esthétiquement. Il a voulu forger de toutes pièces son art du peuple, et l’imposer. Justement parce qu’il portait en lui et en son art la plus pure essence populaire, parce qu’il parlait naturellement une langue des plus saines émotions, faite pour être partagée avec tous, il a pu négliger la source du Volkslied. Son peuple était en lui. Ces « urallen Volksweisen » étaient la mesure même do sa pensée. Quand il ne les trouvait pas du premier coup, il n’en savait pas moins qu’elles couvaient au fond de sa conscience, il n’avait qu’à creuser, il était sûr qu’elles jailliraient.

(a) Toutefois, je pense qu’il y a lieu d’explorer de plus près, non seulement ses œuvres publiées, mais ses Cahiers d’Esquisses. Dans le Nolierungsbuch de 1800, j’ai cru reconnaître (p. 85-86), plus d’une mélodie populaire qui travaille son souvenir. M T