Beethoven prend feu. La période brûlante de cct amour semble s’étendre du printemps à l’automne 1801[1] ; et la pleine passion s’est sans doute déclarée à Korompa. pendant l’été 1801, chez l’oncle Brunsvik, qui a réuni autour de lui et de ses filles ses jeunes et jolies nièces, Brunsvik et Guicciardi[2].
Que la passion ait été encouragée, il est difficile d’en douter, bien que plus tard Giulietta et les siens aient nié même qu’ils en aient eu connaissance[3]. Mais un dessin de la main de Giulietta[4] trahit la « Vergognosa », qui se cache, pour mieux voir : il représente Beethoven — un Beethoven jeune, mondain, avec des favoris[5], dans une
(janvier 1801). — Ailleurs, elles plaisantent le choix que Giulietta dans des tableaux vivants, a fait de Niobé, « pour se rendre inléressanie (um sich intéressant zu machen… t)
1. Lettre de Beethoven à Wegeler, 16 novembre 1801.
2. La tradition du pays attache au parc de Korompa le souvenir de Beethoven, composant sa Sonate du Clair de lune.
3. L’attitude de la famille a été, par la suite, d’écarter ce sujet gênant. La petite-fille de Giulietta, la baronne Gisela Hess-Diller Gallenberg, qui a bien voulu me communiquer quelques détails précieux, m’écrit : « On défendait absolument chez nous toute allusion à l’amitié de Giulietta et de Beethoven, qu’on traitait de maître à musique. Ma sœur et moi, nous en étions désespérées, et nous en avons toujours souffert. »
4. Reproduit dans le livre de La Mara : Beethovens unsterbliche Gclieble.
5. C’est le même Beethoven affiné, gentilhomme romantique, à la Châteaubriand, qu’a peint, sur sa demande, Isidor Neugass, et dont le portrait, envoyé par lui-même aux Brunsvik, se trouve aujourd’hui en possession de Mme Hugo Finaly, à Florence. (Car la veuve du dernier Brunsvik, mort en 1899, est devenue en second mariage, marchesa Capponi ; et les reliques de Beethoven ont. passé en Italie.)
